Régulièrement la question suivante revient: Pourquoi col "Amic"? Le journal L'Alsace avait consacré un intéressant article à ce sujet. Le voilà ci-dessous.
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Journal L'Alsace du 26/08/2014 par Emmanuel Job et René Doppler
Lorsque le col du Kohlschlag devient le col Amic
Pour le 7e volet de notre série estivale « Lieux d’histoire », direction le Grand Ballon, où, au bord de la route, un petit monument rappelle la mémoire du capitaine Paul Antoine Émile Amic.
Que l’on se rende au Grand Ballon depuis la vallée de la Thur, depuis le Freundstein ou depuis Wuenheim, on atterrit obligatoirement à un grand carrefour situé à plus de 800 mètres d’altitude, dominant Goldbach, près d’une ferme sise un peu en contrebas : le col du Kohlschlag.
Aujourd’hui ce nom n’est plus guère utilisé depuis qu’un petit monument y a été élevé dans les années trente. Le carrefour a été rebaptisé du nom de col Amic, en mémoire d’un capitaine français du 15e bataillon de chasseurs alpins. Après le décès du capitaine, le nom d’Amic a été donné à un cantonnement français aménagé tout près de là.
Paul Amic est né le 22 avril 1883 à Évreux. À la déclaration de guerre, ce banquier de métier mais aussi sergent de réserve, est dirigé vers l’Alsace avec le 334e régiment d’infanterie. Un an après, en août 1915, alors qu’il est lieutenant, Paul Amic est appelé au 15e bataillon de chasseurs alpins. Il est décoré à plusieurs reprises sur le champ de bataille pour sa bravoure, se distinguant particulièrement au Hartmannswillerkopf (Vieil-Armand). Puis il est nommé capitaine, mais, quelques mois plus tard, un dernier assaut lui est fatal.
Le 21 décembre 1915, parti pour la énième fois à l’assaut du sommet du Vieil-Armand à la tête de sa 6e compagnie, lui et ses hommes se retrouvent prisonniers dans un réseau barbelé électrifié. Cernés, ils sont pris sous le tir de mitrailleuses ennemies. Le capitaine Paul Antoine Émile Amic s’effondre, atteint en plein visage. Quelques jours auparavant, dans plusieurs courriers prémonitoires, il demande à sa famille de prier pour lui afin que Dieu le protège et pour qu’il ait pitié de lui.
Au Vieil-Armand, face au piton rocheux du Unter-Rehfelsen, un rocher avec abri, à l’endroit même de l’attaque du 21 décembre 1915, porte lui aussi le nom d’Amic. Sur le monument au col du Kohlschlag, on peut lire une citation du capitaine Amic : « Si je meurs mes amis d’espoirs et de misère, vous m’ensevelirez près du front, dans la terre sous la croix de sapin, près du clocher flambé, mais gardez-moi le sol où je suis tombé. » Dans la vallée de la Thur, une autre trace tangible du capitaine est encore visible : sa tombe au cimetière militaire de Moosch.
LIRE « Mémoires des hommes », ministère de la Défense. « Chronique de l’Hartmann ». Les amis du Hartmannswillerkopf, 2007.